Se dévoiler
Ce soir, besoin de parler de choses intimes. Ainsi, certains comprendront certainement des choses jusque là incompréhensibles. Déclic avec les blogs d'Emma et de Girafette, du message de JR.
La solitude me pèse!
Ca fait généralement rire lorsque je dis que je n'ai pas d'ami(e). Sans doute parce que ça paraît irréel. Eh bien si, ça existe et je le vis. Un exemple flagrant qui le montre : lorsque je ne vais pas bien du tout, je ne peux téléphoner qu'à ma mère pour me soulager! Heureusement que je m'entends beaucoup mieux avec elle. C'est pathétique hein?!
Et mon mari, je ne peux pas le considérer comme tel. Ce n'est pas pareil. Parce qu'à un ami, enfin plutôt une amie dans ce cas, on peut parler de manière plus ouverte de ses problèmes de couple. C'est un regard externe.
Ralala... Je me sens honteuse, comme une pestiférée.
Je sais ce qu'il faudrait faire : sortir.
Mais je ne sais plus ce que c'est. Des années que ça ne m'est pas arrivé. Pourquoi? Pour la raison compliquée et de nature psychologique (et je ne sais pas vraiment d'où ça vient, quelle est son origine), que je suis angoissée par les lieux avec du monde où je me sens prise au piège. Le pire endroit pour moi, c'est le restaurant. En fait, ce sont les lieux où je me sens obligée de devoir rester à ma place, comme le cinéma aussi.
Ca a commencé à la fac, il y a 10 ans donc (oula! Le coup de vieux d'un coup!). A cette époque c'était franchement pire
Les conséquences dans la vie de tous les jours :
- pas de cantine au boulot
- plus de restos avec mon mari qui me le reproche (il ne comprend pas)
- aucun shopping accompagné (seule je peux, car je sais que je peux sortir du magasin sans explication)
- je vais tout faire pour esquiver les congrès qu'on me propose au boulot (vous vous rendez compte? Refuser un voyage gratos hors des frontières françaises?!)
- je n'aime pas voyager (mais si j'étais "normale" j'aimerais forcément)
- je deviens isolée
- je ne peux pas aller à Lille pour la réunion du BC
Un poème que j'avais écrit il y a quelques années, illustre ce mal qui me ronge :
Milieu de la nuit sur la piste de danse,
Devant mes yeux tombe un brouillard inquiétant
Tel un écran de télévision grésillant,
Perte de repères, vacillement de mes sens.
Âme perdue au milieu de tous ces dandys,
Le voile gris s’installe de plus en plus ténu,
Oxygène raréfié, je trouve l’issue,
Visage au ciel, ténèbres s’envolent dans la nuit.
Depuis cette funeste soirée diabolique,
Mon esprit est envahi par l’anxiété,
La foule dense ne peut plus être supportée,
Au milieu du monde, naît une noire panique.
Salle de cours close, sons parvenant assourdis,
Montée de sueurs froides tout le long du corps,
Sensation de solitude comme la mort,
Regard tourné vers la sortie, claustrophobie.
Détresse innommable, incontrôlable,
Occupe chaque parcelle de mon cerveau,
Illustration prématurée de mon caveau,
Toile collante emmêlée inextricable.
Cours enfin fini, sonnerie salvatrice,
Eclipse de ma personne, je suis dehors,
L’air pur vivifiant me donne un nouvel essor,
Fuite de ces murs de prison qui me pourrissent.
Evitement de tous les endroits clos publiques,
Rayons de produits colorés, je ne connais,
Adieu sorties nocturnes des pubs, je me haie,
Isolement de l’Ego lance sa supplique.
Où est l’avenir dans ce reniement du Monde ?
La vie est belle et riche si l’on en profite.
La mort me cerne, froide comme le granit,
Et je cherche une fente où le Soleil abonde.
Elise M., 10 septembre 2003
Voilà.
J'avais besoin de l'écrire, de me dévoiler.
En arpentant la blogosphère, j'ai une vie sociale par procuration. C'est déjà ça. Mais je me rends d'autant plus compte de mon handicape, qui n'est pas physique, mais psychologique.