Ernaux Annie, Marie Marc : L'usage de la photo
L'usage de la photo
Une autobiographie de leur couple au travers de photos prises par eux-mêmes. Clichés particuliers... En effet, y sont immortalisés les vestiges vestimentaires des lendemains de leurs ébats amoureux. Puis chacun décrit de son côté chaque photo sélectionnée, sans en parler à l'autre.
Dans leurs mots ressortent leur amour, leur rencontre, l'entrée en guerre contre l'Irak des USA, mais surtout, le combat d'Annie pour sa vie.
Ce livre a été une merveilleuse surprise! Je l'ai acheté un peu à l'aveugle pour la lettre "E" du challenge ABC, d'où cette auteure. Puis le mot "photo" a ciblé mon choix pour ce titre, puisqu'il s'agit mon autre passion avec le BC.
Que je remercie le hasard de m'avoir acheminée vers cette lecture!
Leurs mots sont magiques. Leur couple me fascine. Annie Ernaux aussi de part sa personnalité qui transparaît. Elle semble avoir un côté sérieux, simultanément à un côté libéré où le plaisir de bonheurs simples est au rendez-vous.
Que j'ai aimé leurs regards sur ces scènes passées, immortalisées! Quelle douceur, quel amour, quelle complicité!
Je suis encore sous le charme de ces pages.
Pendant la lecture, j'avais le désir d'acheter d'autres exemplaires de ce livre, afin de l'offrir à plusieurs personnes. Mais j'ai l'impression de m'être un peu emballée, et que tout le monde ne partagera pas mon émotion. Donc... je préfère m'abstenir, d'autant que ce souhait est un peu ridicule.
J'ai une boule dans la gorge lorsque je me remémore cette lecture, parce que j'ai tout simplement les boules de l'avoir finie. C'est dingue!
Je reproduis ici la quatrième de couverture qui est en fait un extrait du texte, que je trouve justement bien représentatif.
Souvent, depuis le début de notre relation, j'étais restée fascinée en découvrant au réveil la table non desservie du dîner, les chaises déplacées, nos vêtements emmêlés, jetés par terre n'importe où la veille au soir en faisant l'amour. C'était un paysage à chaque fois différent.
Je me demande pourquoi l'idée de le photographier ne m'est pas venue plus tôt. Ni pourquoi je n'ai jamais proposé cela à aucun homme. Peut-être considérais-je qu'il y avait là quelque chose de vaguement honteux, ou d'indigne. En un sens, il était moins obscène pour moi de photographier le sexe de M.
Peut-être aussi ne pouvais-je le faire qu'avec cet homme-là et qu'à cette période de ma vie.